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La radiesthésie médicale

A partir des années 1930, notamment en France, se développe un engouement prodigieux pour la radiesthésie médicale, c’est-à-dire de l’utilisation du pendule comme aide au diagnostic médical et au choix des traitements. Cet enthousiasme trouve sa source parmi les grandes figures de la radiesthésie que sont principalement l’abbé Bouly, l’inventeur du terme, et l’abbé Mermet, considéré comme le prince des sourciers. Les médecins et pharmaciens vont également s’emparer du sujet en devenant de véritables experts dans cette science revisité de l’entre-deux guerres.

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La radiesthésie, une nouvelle science ?

Si l’utilisation du pendule remonte à la nuit des temps, son emploi prend une nouvelle tournure dans les années 1930, particulièrement en France, la faisant se rapprocher d’une nouvelle science. Le néologisme de radiesthésie a été inventé par l’Abbé Bouly aidé du concours du chanoine Louis Bayard, doyen de la Faculté libre des lettres de Lille. Il a été utilisé la première fois par le curé d'Hardelot-Plage lors d’une interview réalisée par Géo London pour le quotidien parisien Le journal le 29 octobre 1926 lors du retour d’une prospection autour de la mine de plomb de Villevieille dans le Puy-de-Dôme.

Le choix de ce terme fait basculer cet art millénaire dans le domaine de la science, faisant également échos au terme de Cryptesthésie utilisé par le prix Nobel Charles Richet pour décrire de manière « scientifique » ce que serait le sixième sens.

L’abbé Mermet et le diagnostic radiesthésique

Les applications de la radiesthésie à la médecine (et à l’art vétérinaire) remontent au début du XXe siècle avec le travail de l’Abbé Alexis Mermet (1866-1937) considéré comme le prince des sourciers. Il propose de mettre en place un diagnostic radiesthésique dont il évoque la paternité quelques temps avant sa mort : « Il y a plus de trente ans, vers 1905- 1906, l'idée me vint un jour qu'il devait être possible d'utiliser le pendule comme auxiliaire de la médecine. Je me mis à l'œuvre, observant les radiations du corps humain et des divers organes. Je n'eus pas de peine à m’apercevoir que les organes malades ne donnaient plus le même chiffre de radiations que les organes sains. J'avais trouvé, j'avais créé le diagnostic pendulaire ! Et depuis lors, d'observations en observations, dans des cliniques, dans des infirmeries, comme auxiliaires des médecins, de vétérinaires, d'herboristes, j'ai pu établir des règles qui sont devenues le fondement du diagnostic radiesthésique. J'ai enseigné la science du pendule à des médecins, à des vétérinaires et des pharmaciens, etc., qui se mirent à pratiquer avec succès. » (tiré de son « abrégé de ma méthode » paru en 1938).

Quelle est donc sa méthode qui assure un diagnostic aussi précis que celle d’un médecin ou d’un vétérinaire ? L’abbé fourni le mode opératoire toujours dans son abrégé : « Pour examiner un malade, on déplace le pendule tout autour du corps, à une distance de 15 à 20 centimètres. Dès qu'il passe en face d'un organe malade, il subit une répulsion, il s'écarte du corps en traçant dans l'air, dans un plan vertical, une boucle qui vient se fermer sur le point malade ; et cette boucle est d'autant plus développée que l'organe est plus atteint. Pour localiser le point malade, il faut établir sa profondeur dans l'organisme. À cet effet, on place l'index de la main gauche à l'endroit au-dessous duquel se trouve l'organe malade ; puis, on accorde sa réceptivité en choisissant comme unité de mesure le centimètre ou le millimètre. Le nombre d'oscillations du pendule correspond à la profondeur du foyer malade, calculée en centimètres ou en millimètres. Le pendule est en mesure de rendre au médecin d'autres services encore : il permet de découvrir des maladies alors qu'elles sont en formation ou qu'elles existent à l'état latent, et cela longtemps avant que le diagnostic ordinaire puisse en connaître les symptômes. En outre, il est d'une grande utilité pour la sélection des remèdes. Plaçons le pendule entre un organe malade et un remède : si le remède est très bon, le pendule fait des rotations en sens direct ; s'il est bon, il oscille plus ou moins fort entre l'organe et le remède ; il reste immobile si le remède est neutre, et si le remède est mauvais, il tourne dans le sens indirect ».


L’Association des amis de la radiesthésie et le corps médical

C’est un engouement autour de cette nouvelle discipline avec la création en 1929 de l’Association des amis de la radiesthésie qui regroupe un grand nombre de scientifiques de renom : Edouard Branly , Arsène d’Arsonval, Foveau de Courmelles, Armand Viré, Georges Claude, Georges Lakhovsky… Parmi environ 2.000 membres que compte cette association, se trouve une centaine de médecins qui créent une section médicale. Parmi les médecins célèbres, citons le Dr Albert Leprince qui publie Pendule et médecins. Sourciers et malades (1933) ou Radiesthésie médicale. Applications de l'art du sourcier à la médecine humaine (1936), le Dr Jules Regnault directeur de la revue Côté d’Azur médical, le Dr Alfred Roux qui publie le livre Autour de la Radiesthésie (1938).

Les pharmaciens ne sont pas en reste comme Louis Eugène Maupy pharmacien titulaire de la marque de spécialité « Abbé Chaupitre », A. Soulier, auteur de Spécification des toxines de la tuberculose et du cancer (1932) qui propose un diagnostic radiesthésique de l’urine ou Gédéon Meillère membre de l’Académie de médecine. Notons la personnalité de Gabriel Lesourd (1890-1976) qui, après de grandes hésitations sur l’utilisation du pendule, se lance dans cette discipline et rentre même au conseil d’administration de l’Association. Il écrit deux ouvrages sur la discipline : Méthode radiesthésique de recherche des maladies et imprégnations microbiennes (1934) et Vie, maladies, radiations (1936). Il procède auprès de ses clients au diagnostic des urines et au choix des traitements dans son Laboratoire biologique de radiesthésie médicale. Il en ressort la confection de tisanes dont les Tisanes Lesourd sont encore exploitées aujourd’hui. Il a également créé un pendule Lesourd de verre noir adapté aux recherches biologiques ainsi qu’une revue : La Science nouvelle, revue générale de la radiesthésie et des sciences psychiques.

Cet essor de la radiesthésie dans le monde médical, s’il a connu un certain succès, va assez vite retomber. Un certain nombre de médecins et pharmaciens s’opposent à cette approche et accusent leurs homologues de charlatanisme, leur obligeant à utiliser cette pratique dans un cadre plus restreint. La seconde guerre mondiale mettra un terme à son utilisation dans le corps officiel de la médecine et de la pharmacie.

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